« Le 30 septembre 1901, j'attendais Moravagine à deux cents mètres de l'enceinte du parc, dans un chemin de traverse, sous bois. Quelques jours auparavant, j'étais allé louer une automobile de grand tourisme à Colmar. J'avais remis à Moravagine tout ce dont il avait besoin pour s'évader. Il devait sauter le mur à midi sonnant. Il était légèrement en retard. Je commençais à m'impatienter, quand j'entends un grand cri et je vois mon animal accourir un couteau sanglant à la main. Je le fais vivement monter en voiture et nous démarrons. Il se penche à mon oreille :
- Je l'ai eue!
- Quoi, quoi?
- La petite fille qui ramassait du bois mort au pied du mur.
Ceci fut le commencement d'une randonnée qui devait durer plus de dix ans à travers tous les pays du globe. Moravagine laissait partout un ou plusieurs cadavres féminins derrière lui. Souvent par pure facétie.»
Blaise Cendrars, Moravagine
Le petit bleu de la côte ouest
Il y a 14 heures
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