mercredi 29 septembre 2010

samedi 25 septembre 2010

Au cimetière joyeux (3)

Xavier pensait à la mort. Il était contre. Il avait pas mal vu mourir, c'était toujours désagréable, lié à des tas de dérangements. Il avait horreur de pleurer. Les morts n'ont pas de pudeur en France. La race de «ceux qui restent» lui donnait le mal de mer.

André Frédérique, La grande fugue, Plasma

jeudi 16 septembre 2010

Jungle - Sur les pas fauves de vivre (N°5 - L'indifférence)

Le N°5 de la revue poétique JUNGLE, magnifiquement illustrée, rassemble un ensemble de textes/articles sur le thème de l'indifférence. Cent cinquante pages, dont une cinquantaine de critiques qui passent en revue tout ce qui ce faisait à sa sortie, en 1981 (livres, revues, ...).





Sommaire :





















mercredi 15 septembre 2010

Au cimetière joyeux (2)

Engel prit un air de grande vivacité.
_ Alors, t'as pigé, Engel ? fick Nick. Cette nuit tu le déterres et tu me dégotes ce costard.
Engel acquiesça :
_ J'ai pigé, Nick.
A la table, un des gars demanda :
_ Comme Burke et Hare, hein, Nick ?
Et Nick Rovito fit :
_ Ouais.
_ Ça me fait penser, fit Engel. Je serai tout seul, Nick ? C'est un sacré boulot. Il me faut quelqu'un avec moi.
_ Alors prends quelqu'un.
_ Hé ! Nick, j'ai une idée, fit une voix.
Nick Rovito regarda la personne en question. Pas le regard noir. Seulement inexpressif. Il attendait.
L'autre poursuivit :
_ Je pense à ce type. Willy Menchik. Celui qu'a donné Gionno.
Nick Rovito acquisça :
_ Je me rappelle.
_ Justement, avant-hier, on a reçu le feu vert pour l'effacer. On avait goupillé ça pour vendredi soir, à Jersey; le mec du Bowling et j'avais pensé à un truc, une boule ça ressemble comme deux gouttes d'eau à une de ces bonnes vieilles bombes d'autrefois, tu vois ce que je veux dir ? Alors j'ai pensé comme ça que...
_ On t'a demandé de liquider Menchik, pas tout ce sacré boulorama, lui rappela Nick Rovito.
_ Justement, on peut combiner les deux. Willy y va avec Engel, vu ? Il l'aide à creuser, puis Engel l'efface et le laisse dans le cercueil avec Charlie et il recouvre le tout, et qui c'est qui retrouverait Willy ? On va pas aller le chercher dans une tombe ?
Nick Rovito sourit; c'était assez rare, et tous les gars, à la table, s'en réjouirent.
_ Ça, c'est pas mal trouvé, approuva-t-il. Ça, c'est une idée qui me plaît.
A la table, une voix fit :
_ C'est plein de poésie, hein, Nick ?
Et Nick Rovito répondit :
_ Ouais.
_ P't'être que Charlie, ça lui fera plaisir d'avoir un peu de compagnie, fit un autre. Tu crois pas, Engel ?
_ Tu pourrais leur balancer un jeu de cartes, ajouta un autre en s'esclaffant, et tout le monde, à la table, s'esclaffa, excepté Engel et Nick Rovito.
Nick Rovito sourit, ce qui de sa part équivalait à un rire. Engel resta morose. Il restait morose parce qu'il se sentait morose.
_ Ils pourront jouer à la bataille, pouffa un autre.
Tous les gars s'esclaffèrent de plus belle et Nick Rovito lui-même émit un petit gloussement, mais Engel resta morose.

Donald Westlake, la mouche du coche.

Au cimetière joyeux (1)

«En haut, dans le studio, une balle dans le mou, Ange fait, avec ce qui lui sort de la bouche, de jolis dessins abstraits roses sur la moquette. Il se pardonne pas d'avoir manqué son coup de ya voltigeur. On lui avait toujours dit qu'il l'avait magique, massacreur imparable. Le claquement mat du manche sur le mur, c'est l'humiliation suprême ; il fait bien de clamcer, sa réputation s'en serait pas relevée.
_ J'ai quand même pas de pot, il dit tout haut dans un hoquet rosé.
La consolation, il n'a ni zézayé ni bégayé. C'est bien tard, Ange, alors il complète le dessin de salive et de sang sur la moquette, il écrit « zut »d'un doigt tremblant, il essaie de se relever pour récupérer son ya mais c'est rigolo, ça tangue, ça lui rappelle la traversée Corse-continent, bon v'là autre chose, il croise ses mains sur sa poitrine froide, les gourmettes font toujours aussi cadènes sur gisant à Cusco, quand les poulardins arrivent il a son dernier hoquet, un moqueur qui asperge Carteret jusqu'à la ceinture. »

A.D.G, Notre frère qui êtes odieux... (Gallimard, coll. « Série Noire », n° 1662)

Pour en finir avec le Punk



Lester Bangs, Fêtes sanglantes et mauvais goût, Tristam

Pleurniche Blues